Article paru dans le numéro 102 octobre 2007,
Individualisme et production de l’urbain
Philippe Genestier
La question du pavillonnaire dans la société des individus. Aspirations habitantes et doctrines techniques.
L'hostilité à l'égard de l'habitat individuel et de l'étalement urbain est aujourd'hui constante et largement répandue chez les urbanistes. Or, la demande sociale en faveur de ce type de logement reste extrêmement majoritaire et ne fléchit pas depuis des décennies. Si un tel hiatus existe, c'est parce que la question pavillonnaire joue un rôle plus politique qu'urbanistique. Ainsi, les pouvoirs publics, qui par la réglementation locale et le financement de l'accession à la propriété favorisent de fait un type d'urbanisation dont en théorie ils ne veulent pas, instrumentalisent la question de la périurbanisation non pour elle-même mais comme occasion de réaffirmer des principes idéologiques généraux. En faisant de la cohésion centripète de l'espace urbain le substitut et la métaphore de la cohésion sociale assurée par les institutions publiques, les élus nationaux et les technocrates centraux entendent réaffirmer la prévalence de l'ordre public sur les logiques sociales. Mais une telle instrumentalisation n'aide ni à la réflexion sur la ville en train de se faire, ni à la réflexion sur les modalités de la régulation politique dans une société des individus.